Café et réconciliation au Rwanda

Café et réconciliation au Rwanda

13 septembre | 2015

Témoignage de Ging Ledesma, Directrice de la Performance sociale et des Relations Investisseurs d'Oikocredit International.

Dans le district de Rusizi, au sud-ouest du Rwanda, Jean Bosco Ngabonziza, infirmier amicalement appelé par son surnom « Nurse Bosco », est un membre bien connu et respecté de sa communauté. En 1994, il a vécu au milieu de veuves et d’orphelins, nombreux après le génocide et subissant tous une extrême pauvreté. Une visite en Inde lui a donné l’idée de regrouper les producteurs de café dans une coopérative. En 2006, il lance la première unité de lavage de café.

Il a également fondé une société d’exportation de café : Rusizi Specialty Coffe (ou RSC), exploitée selon le modèle économique du partenariat entre coopératives. Le climat tempéré du district de Rusizi est idéal pour la culture du café, qui occupe près de 25% des familles locales. RSC transforme actuellement plus de 200 tonnes de grains de café par an.

Je me suis rendue cette année au bureau d’Oikocredit à Kigali, capitale du Rwanda, puis suis allée à Karongi et à Rutsiro pour rencontrer Nurse Bosco et voir la société RSC, qui représente pour nous un engagement particulier à bien des égards.

La Banque mondiale a en effet classé ce pays parmi les 10 économies au monde s’étant le plus améliorées. La croissance de son PIB est en moyenne de plus de 7% depuis l’an 2000, mais 44,9% de sa population vit encore au-dessous du seuil de pauvreté. Dans ce contexte, les entreprises telles que RSC aident les petits exploitants à améliorer leurs revenus. Une grande partie des membres des coopératives qui alimentent les usines de lavage de café de RSC ne possèdent par exemple qu’à peine environ un demi-hectare de terres chacun, et 95% des effectifs ponctuels de RSC sont des femmes.

RSC est également reconnue pour avoir fondé des relations stables avec les populations avec lesquelles elle travaille. Elle a ainsi fourni aux producteurs locaux des services tels que la construction d’une école maternelle, la mise en place de bourses pour les filles des familles les plus pauvres ou la distribution de vaches aux familles défavorisées.

RSC a quelque chose de plus que les autres entreprises. Sur les pentes verdoyantes et abruptes des collines, dans les hangars, à l’abri du soleil, les personnes qui transforment les grains de café, qui travaillent ensemble, main dans la main, font partie des deux ethnies ayant connu le génocide, qu’ils en soient survivants ou auteurs. En rassemblant ces personnes, RSC contribue au processus de réconciliation du peuple rwandais, un processus long, toujours d’actualité et vital pour assurer une paix et une sécurité durables.

Lors de mes visites à nos partenaires, j’ai souvent été frappée par les bénéfices que les entreprises soutenues par Oikocredit apportent aux populations locales. RCS constitue à cet égard un bel exemple de partenariat ayant un impact positif profond sur la vie des gens. La lutte contre la pauvreté sera toujours une priorité pour Oikocredit, mais la portée de notre approche financière et extra-financière du développement doit être élargie si nous voulons que notre vision d’une vie digne pour tous devienne réalité.

Ging Ledesma
Septembre 2015

Rusizi est actuellement en phase d’étude pour une certification Rainforest qui devrait être menée à bon terme d’ici à la fin de l’année 2015.

« Retour