La solidarité : la force de notre réseau

La solidarité : la force de notre réseau

t&l.jpg

Thos Gieskes, Directeur Général, et Laura Pool, Directrice financière en charge de la gestion des risques

01 juillet | 2020

Vote d'un dividende de 0%, soutien des partenaires pendant la pandémie, perspectives : dans une interview, notre directeur général, Thos Gieskes, et notre directrice financière en charge de la gestion des risques, Laura Pool, reviennent sur l'assemblée générale annuelle de juin.

L'assemblée générale annuelle (AGA) d'Oikocredit s'est tenue en visioconférence. Comment était-ce ?

Thos Gieskes : "C'était regrettable qu'en raison du Covid-19 nous ne puissions pas être tous réunis au même endroit, mais c'était une expérience intéressante. Habituellement l’AGA est une journée de réunions durant lesquels les membres de la coopérative débattent de sujets variés. C’est ce qui nous a manqué cette année, ces nombreuses rencontres qui permettent de discuter et débattre aussi bien dans des conditions formelles qu’autour d’un café ou un dîner.

En définitive, on peut dire que les réunions par vidéo permettent d’être efficaces, et que les décisions prises sont probablement les mêmes qu’en présentiel, mais ce n’est pas la meilleure façon de se réunir en coopérative. On aurait pu s’attendre à ce que davantage de membres soient représentés à l’AGA mais étonnamment la participation a été un peu plus faible qu’en temps normal.

L’aspect positif est l’économie sur notre empreinte carbone. En fait, ce sujet a été débattu et les membres ont voté pour réduire les déplacements à un sur trois ans pour les AGA tenues dans un pays partenaire".

Quels autres sujets ont été débattus à l'AGA ?

Laura Pool : “Il y a eu les mises à jour commerciales habituelles et les discussions sur les résultats annuels, puis une proposition de fixer le dividende pour 2019 à 0%. Cette proposition du Directoire était basée sur une réévaluation des perspectives économiques mondiales et de la façon dont cela pourrait affecter notre situation financière.

Oikocredit opère dans des parties du monde où il y a beaucoup d’incertitudes et nous devons être prudents en sauvegardant nos actifs disponibles afin d’avoir suffisamment de liquidités pour mener nos affaires et notamment avoir de solides réserves de capital.

Nous avons donc proposé qu’aucun dividende ne soit versé pour 2019 et l’avons annoncé début mai afin que nos associations de soutien aient le temps d’en discuter avec leurs membres.

Il était utile de pouvoir recueillir les avis et les préoccupations avant l’AGA. Au cours des 32 dernières années Oikocredit a payé un dividende. Il était donc important de suffisamment débattre avant de prendre une décision si importante".

Thos Gieskes : "La majorité des membres était favorable à la proposition de dividende de 0% et plusieurs associations de soutien avaient déjà elles-mêmes envisagé de faire une proposition de dividende de 0%. Il y avait un consensus sur le fait qu’en raison des incetitudes actuelles concernant l’impact du Covid-19, nous devions protéger nos ressources financières et la continuité de nos activités autant que possible".

En quoi les priorités d'Oikocredit ont-elles changé par rapport au plan pré-coronavirus ?

Laura Pool: “Nous ne finançons pas de nouveaux partenaires mais nous nous concentrons sur le soutien de nos partenaires actuels en leur fournissant des conseils, en les réunissant et quand cela est possible avec une aide financière. Pour le moment notre plan visant à augmenter le nombre de nos partenaires est suspendu, mais nous continuons de suivre le marché pour le moment où il sera opportun de reprendre des initiatives et nous développer. Du côté de la levée de fonds, nous sommes concentrés sur le fait de tenir nos investisseurs actuels informés et à jour.

Il est donc peu probable que nous renforcions notre bilan cette année ; nous allons voir nos rendements diminuer et devrons ainsi faire des réserves pour couvrir des risques plus élevés dans le portefeuille existant.

Parallèlement nous mesurons en permanence des scenarios variés de l’impact que pourrait avoir le Covid-19 à mesure que l’on en sait plus et que les gouvernements mettent en place et lèvent les restrictions ou des mesures pour atténuer les effets économiques. Ces tests de résistance fréquents permettent à Oikocredit d’être prêt à réagir rapidement si une situation dans un pays se détériore ou s’améliore.

En synthèse, je dirais que cette crise a mis en évidence l’importance de notre travail en finance inclusive. Et elle souligne aussi la valeur de notre travail en renforcement des capacités pour développer la résilience de nos partenaires dans un monde si incertain. Cette année c’est une pandémie, mais une autre année ce pourrait être des événements liés au changement climatique qui affectent les conditions de vie de nos clients finaux ».  

Notre approche est la même depuis le début de la crise, en tentant de maintenir nos activités aussi normales que possibles. Nous nous efforçons de tenir nos investisseurs et nos membres informés de ce qui se passe (voir nos mises à jour sur le covid-19), et nous travaillons individuellement avec nos partenaires pour les soutenir du mieux possible selon leur besoin.

Comment le réseau Oikocredit s’est-il mobilisé en ces temps sans précédent ?

Thos Gieskes: "Nous apprenons constamment sur la force de notre réseau d’investisseurs et d’associations de soutien. Nous savons que nous avons des investisseurs patients et fidèles qui sont engagés dans la mission d'Oikocredit. Mais nous découvrons à quel point notre réseau d’associations de soutien fonctionne bien dans sa gestion des relations avec les investisseurs, afin de comprendre leurs besoins et leur façon de penser. C’est tellement important, surtout en période de crise.

Nos investisseurs veulent savoir comment nous nous en sortons du côté des financements. Dès le début de la crise, nos collègues des activités financement se sont réunis (virtuellement bien sûr) et sont convenus d’être en contact avec chaque partenaire au moins une fois tous les quinze jours pour un check-up et évaluer l’assistance dont il pourrait avoir besoin. Pour la suite, notre département Innovation et performance sociale a lancé des formations en ligne et des webinaires pour aider les partenaires à s’entraider avec le partage des connaissances. 

Cet effort a été produit par du personnel qui relève lui-même de nouveaux défis, parfois en travaillant de chez lui avec une mauvaise connexion internet. Ils font exactement ce qu’il importe de faire à savoir rester proche de nos partenaires. 

De ces initiatives est apparu que certains de nos partenaires avaient besoin d’un soutien allant au-delà de notre soutien financier habituel ou du renforcement des capacités, et c’est de là qu’est née notre initiative de fonds de solidarité contre le coronavirus. Le financement de départ a été apporté par la fondation Oikocredit elle-même et a été rapidement suivi par des dons de membres de nos associations de soutien. On voit ici une boucle complète d’entraide où tout le monde travaille ensemble pour traverser cette crise du mieux possible. C’est dans des moments comme ceux-là que vous savez réellement que vous pouvez compter les uns sur les autres.

Aucun de nous ne sait si le pire est derrière nous ou encore à venir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous préparer et faire en sorte de pouvoir compter les uns sur les autres. Ainsi je suis convaincu qu’émergera de cette crise une coopérative Oikocredit plus forte".

« Retour