Pourquoi l’éducation est clé dans notre nouvelle stratégie ? Interview de Hans Perk

Pourquoi l’éducation est clé dans notre nouvelle stratégie ? Interview de Hans Perk

Webshare-00249.jpg25 mars | 2022

En novembre 2021 Oikocredit et Opportunity International annonçaient un accord d’investissement à impact de 100 millions de dollars US pour faire progresser l’éducation dans les pays à faible revenu. Cet investissement est le premier acte posé de notre nouvelle stratégie.

Nous avons interviewé Hans Perk, directeur régional de Oikocredit pour l’Afrique, au sujet de cette nouvelle activité. Au cœur de notre nouvelle stratégie 2022-2026, elle s’inscrit dans le cadre d’une approche innovante d’investissement pour répondre aux besoins des communautés à faible revenu en matière d’éducation, de logement, de santé et d’infrastructures publiques.

Pourquoi Oikocredit explore-t-elle les possibilités d’investissement dans l’éducation ?

Hans Perk : Oikocredit s’aventure dans l’éducation après avoir écouté ses partenaires d’inclusion financière et leurs clients. Les institutions de microfinance (IMF) et les banques qui soutiennent les petites et moyennes entreprises (PME) dans les pays à faible revenu nous disent à quel point la « pauvreté des apprentissages » est répandue dans leurs sociétés et qu’il y a un besoin urgent d’un meilleur accès à une éducation de qualité à faible coût et de prêts aux familles pour les frais de scolarité. Dans de nombreux pays, l’enseignement primaire et secondaire financé par l’état est limité et de mauvaise qualité, notamment dans les zones rurales et semi-rurales. Cela laisse une grande marge de manœuvre aux investissements privés dans le domaine social et du développement pour combler le déficit de financement et contribuer à offrir une scolarité abordable aux communautés à faibles revenu. Il est cependant difficile pour les IMF et les banques locales de générer suffisamment de liquidités pour prêter aux écoles et aux familles ayant des enfants en âge scolaire et de constituer un portefeuille d’éducation ayant un impact social tout en gérant le risque et le rendement.

Nous savons cela également grâce à l’expérience passée de Oikocredit, lorsque nous financions directement des projets d’éducation. Pendant quelques années, nous avons décidé de ne pas nous concentrer sur l’éducation, car nous ne pouvions pas assurer tout le suivi et l’assistance technique nécessaires aux partenaires, y compris les écoles. Mais l’éducation est un secteur de développement social crucial qui offre des avantages potentiels considérables en Afrique, en Asie et en Amérique latine s’il est soutenu efficacement. Il est bien connu que l’égalité d’accès à la scolarité pour les filles, en particulier, entraîne d’importants bénéfices en termes de revenu, d’égalité des genres et d’environnement.

Comment Oikocredit poursuit-il son travail sur l’éducation ?

HP : Tout comme nous le faisons dans le secteur du logement, nous avons commencé à rechercher des partenaires potentiels dans le domaine de l’éducation pour aider les personnes à faible revenu à faire les choix dont elles ont besoin pour vivre dans la dignité. Notre première grande activité pilote dans le domaine de l’éducation est une collaboration avec Opportunity International, un leader mondial dans le financement d’écoles non étatiques abordables dans les pays à faible revenu et un partenaire naturel pour cette nouvelle approche. Opportunity International a un programme d’éducation de longue date qui soutient les institutions financières et les écoles par le biais de financements et d’une assistance technique. Dans le contexte de la crise mondiale actuelle de l’éducation [1], notre nouvelle collaboration vise à accroître l’accès à l’enseignement primaire et secondaire à faible coût pour les familles et les enfants des pays en développement, ainsi que la qualité de cet enseignement.

Le suivi d’Opportunity International montre que leur travail a un impact. Les IMF, les banques et les écoles qu’elles soutiennent augmentent leurs revenus, et les institutions financières obtiennent des portefeuilles de financement de l’éducation plus performants. L’utilisation des fonds par les écoles pour construire plus de salles de classe, de toilettes, d’installations extérieures et de terrains de jeux, ainsi que pour les véhicules de transport, augmente le nombre d’inscriptions, encourage l’assiduité et la ponctualité des enfants, amène plus de filles à l’école et améliore le niveau. Le développement professionnel du personnel scolaire améliore les résultats scolaires. Les prêts aux parents aident à payer les frais de scolarité, les uniformes et les livres lorsque le revenu du ménage est faible ou instable, ce qui réduit l’absentéisme et l’échec scolaire.

En quoi cette approche diffère-t-elle des activités habituelles de Oikocredit ?

HP : Oikocredit continuera à investir une grande partie de son financement du développement dans ses domaines d’intervention de longue date que sont l’inclusion financière, l’agriculture et les énergies renouvelables. Mais l’une des principales différences de notre nouvelle approche est de travailler avec des partenaires stratégiques qui sont des spécialistes du secteur. Opportunity International, par exemple, a plus de 12 ans d’expérience d’investissement réussi dans l’éducation dans des contextes locaux spécifiques.

Une autre différence réside dans le fait que nous nous adressons à nos partenaires locaux actuels pour identifier les institutions financières avec lesquelles travailler et que nous effectuons une vérification préalable conjointe pour clarifier les opportunités, les risques et les besoins d’assistance financière et technique. Oikocredit fournira ensuite le financement aux institutions financières, tandis qu’Opportunity International fournira une assistance technique à la fois aux institutions financières partenaires (« EduFinance ») et à chaque fournisseur d’éducation (« EduQuality ») (voir diagramme). Le fait que le projet éducatif vise à être financièrement autonome est également innovant : les institutions financières et les écoles seront invitées à payer l’assistance technique à partir des revenus supplémentaires qu’elles génèrent grâce à une mise en œuvre réussie.
MONTAGE PARTENARIAT OPPORTUNITY INTERNATIONAL

Depuis quelques années, Oikocredit se félicite d’être un catalyseur de l’investissement à impact et du financement du développement. Nous considérons que notre nouvelle approche s’appuie sur ce rôle avec le potentiel de générer des effets multiplicateurs qui aideront le monde à atteindre les Objectifs de Développement Durable.

Quels sont vos plans futurs pour la collaboration avec Opportunity International ?

HP : Comme pour nos autres projets axés sur la communauté, nous adoptons une stratégie de « produit minimum viable » (MVP). Il s’agit d’une approche progressive pour concevoir et tester de nouvelles initiatives sans nécessairement savoir quel sera le produit final ou le modèle commercial final. Nous commencerons et testerons notre travail d’éducation en Afrique — initialement au Ghana, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et en Ouganda. Après avoir procédé aux ajustements nécessaires, nous visons à déployer l’approche dans d’autres régions et à rechercher des partenaires financiers supplémentaires parmi nos pairs investisseurs. La collaboration avec Opportunity International devrait permettre d’atteindre jusqu’à 1,6 million d’enfants en améliorant l’accès au financement pour les écoles et les familles avec des étudiants en Afrique, en Inde et en Amérique latine.

Comment les IMF et banques PME peuvent-elles participer au programme avec Opportunity International ?

HP : Nous recherchons actuellement des institutions financières, avec ou sans portefeuille en éducation, actives au Ghana, au Kenya, au Nigeria, au Sénégal et en Ouganda. Elles peuvent nous écrire ou contacter l’un de nos bureaux locaux pour plus d’informations. Nous pourrons alors étudier ensemble leurs besoins en matière de financement de leur portefeuille éducatif et la manière dont elles pourraient bénéficier du renforcement des capacités offert par le programme.

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