Environ 75% des personnes vivant avec moins de 2 dollars américains par jour résident en zone rurale, et leur principale source de revenus reste l’agriculture. L’augmentation de la population mondiale et les effets du changement climatique soumettent par ailleurs les terres et les ressources naturelles à de plus fortes tensions.
Agriculture durable
Pour aider à faire face à ces problèmes en augmentant ses investissements durables dans ce secteur, Oikocredit a mis en place en janvier 2014 une équipe dédiée à l’agriculture*. Frank Rubio, son directeur, nous expliquer son rôle.
L’équipe Agriculture est en place depuis presque deux ans maintenant. Quelles ont été ses principales réalisations jusqu’à aujourd’hui ?
« L’une de nos plus belles réussites a été de parvenir à placer l’agriculture comme une priorité au cœur d’Oikocredit, car il s’agit bien de l’un des secteurs les plus importants pour les générations futures comme pour l’économie durable. Avant la création de notre équipe, nous avions de nombreux partenaires agricoles mais il nous manquait une stratégie ciblée, des règles déontologiques ou des moyens de partager l’information. Nous avons donc retravaillé ces points afin de les améliorer et de poursuivre nos investissements dans ce secteur. »
Comment l’équipe Agriculture aide-t-elle les bureaux d’Oikocredit à développer leurs portefeuilles agricoles ?
« Lorsque l’agriculture devient un secteur prioritaire et un domaine à développer au sein de l’un de nos bureaux, nous aidons celui-ci à étoffer son portefeuille. Ma collègue Carina Torres a par exemple passé plusieurs semaines l’an dernier au Rwanda, où nous n’avions aucun partenaire agricole. Là, elle a travaillé main dans la main avec nos salariés rwandais pour financer deux partenaires dans le secteur du café. Le Rwanda étant un pays prioritaire pour nous, nous y avons également organisé des formations sur le financement de la chaîne de valeur agricole. »
La priorité d’Oikocredit va-t-elle aux producteurs du commerce équitable et/ou de l’agriculture biologique ?
« Oui. Lorsque nous avons l’occasion d’aider l'agriculture équitable et biologique, nous le faisons. Dans certains pays tels le Pérou, plus de 90% de notre portefeuille agricole concerne l’agriculture bio. Le marché pour ces produits est en croissance et nos financements ne devraient qu’augmenter dans ce secteur, notamment en Amérique latine. »
Comment ces investissements dans des sociétés agricoles donnent-ils plus de moyens d’agir aux personnes à faibles revenus ?
« Les petits producteurs n’ont généralement accès à aucun financement. Les prêts d’Oikocredit leur fournissent l’opportunité de mettre en place des stratégies afin de garantir de meilleurs prix pour leurs récoltes. Par exemple, nos prêts pour financer le commerce permettent aux coopératives de producteurs d’acheter des produits en tant que grossistes et de les stocker jusqu’à ce que les cours remontent. Les augmentations des cours sont ensuite répercutées sur les prix payés aux petits producteurs membres, notamment pour la vente sur les marchés de commerce équitable. Nos prêts d’investissement à plus long terme financent des achats de biens d’équipements qui permettent aux petits producteurs d’ajouter de la valeur à leurs produits et de vendre ceux-ci à meilleur prix. »
Les agriculteurs ressentent-ils les effets du changement climatique ? Si c’est le cas, comment pouvons-nous aborder ce problème ?
« Le changement climatique est l’un des plus gros risques auxquels l’agriculture devra faire face à l’avenir. Il entraîne sécheresse, inondations, hausse des températures, avec des conséquences directes sur la production agricole. Ces effets se sont déjà fait sentir dans le secteur du café avec l’apparition de la rouille orangée qui a déclenché la perte de plus de 30% des récoltes de café en Amérique centrale en 2012 et 2013. Dans ce cas précis, Oikocredit a mis en place une solution de prêt spécifique pour aider les petits producteurs à replanter des caféiers résistants mieux à cette maladie. »
* Installée dans la capitale péruvienne, Lima, l’équipe Agriculture est dirigée par Frank Rubio, également directeur régional d’Oikocredit pour la région Nord de l’Amérique du Sud. Aidé de deux conseillers, à Lima et en Côte d’Ivoire, Frank Rubio travaille en coopération étroite avec les personnels locaux afin d’accroître et d’améliorer la qualité de notre portefeuille agricole.